Monday 24 November 2008

De la servitude volontaire


Parce que la vie ce n'est pas salade de pâtes et WE à la campagne tous les jours je vais aujourd'hui vous parler d'un sujet graaaave: le CHOMAGE. Et oui, vous pensez vraiment qu'une fille avec un job en or aurait le temps de courir les musées pour vous faire part de ses trouvailles? De faire preuve d'autant de légèreté et d'humour, d'érudition et de profondeur alors que sa prez est attendue pour demain 8h? et bien non. Mais, bande de veinards, je suis au chômage, et même si je n'ai pas l'intention que ça dure trop longtemps, je compte bien vous en faire profiter. Alors au programme aujourd'hui, les bureaux pour "chômeurs-sup" à Londres, en plein coeur de la city, chez Penna Consulting:
Tout d'abord, mon "brickwall", qui fait face au bureau de Penna...si un jour cette tour, qui était à peine entamée quand je suis arrivée chez Penna est finie, je m'inquiète VRAIMENT.
Ensuite, entrez, suivez moi, dites bonjour à Cathy, la dame de l'accueil, attrapez un café en même temps que quelques ragots et le Times, puis installez vous à votre poste: Bloomberg, 2 ou 3 écrans par personne, un téléphone et une autorisation illiiiiiimitée d'appeler à l'étranger, c'est ça l'anpe privatisée. Encore faut-il avoir la chance de se la faire offrir.
Vous l'aurez compris, c'est un vrai bureau, sauf que personne ici ne travaille à autre chose que de trouver un job. Vous avez une coach à votre disposition, des séminaires qui vont de "comment avoir cet entretien grâce au téléphone" à "quelle couleurs optimisent votre confiance en vous?" (le rouge pour moi).
Mais le plus drôle en ces temps moroses où des équipes entières se font virer, c'est que les hiérarchies persistent: Mike le boss continue de demander à son ex-junior d'aller lui chercher un latte au Starbuck's du coin, ou les prez (enfin ses CV et lettres de motiv) à la photocopieuse. Et à l'ex-junior de s'exécuter...par habitude? par manque d'imagination, d'esprit de rebellion? Ou peut-être parce que finalement pour certains, même au chômage, c'est rassurant d'avoir un boss...

A lire:
Discours de la servitude volontaire
, Etienne de La Boëtie, Editions 1001 nuits.

Thursday 20 November 2008

Fashion vs Sport


Adidas, by Stella McCartney

La première chose qui m'a motivée à me mettre au sport, ce sont les fringues: c'est par amour des tutus, des bruits des pointes Repetto sur le parquet que je me suis mise à la danse classique. J'ai été ensuite charmée par les bottes d'équitation et la veste en tweed (bon à chacun sa crise d'ado), mais ai bien vite abandonné mon double-poney et ce look Ralph Lauren pour la natation (j'avais vu des palmes géniales dans le ELLE). Si c'est aussi votre cas, l'expo Fashion Vs. Sport au Royal & Albert Museum est faite pour vous!

Photo Image.net
Si Lacoste a été un véritable précurseur en lançant son Polo de tennis en 1926, le sport et la mode se retrouvent véritablement à partir des années 80.L'expo couvre donc essentiellement cette période et analyse très justement les liens entre l'industrie de la mode et du sport, mais aussi la façon dont la rue va s'approprier le sport et le mettre à la mode.

Ci dessous mes coups de coeurs:
1/Une réinterprétation de 2008 très arty, par le photographe du magazine Visionnaire (et également photographe pour les pubs Lacoste, un "peu d'air sur terre"), Phil Poynton
2/La collection Adidas by Stella McCartney (cf photo ci-dessus)
3/Et rêvons un peu...une veste en sequins Chanel de 1992, bon plutôt pour danser sur un air de disco

J'allais oublier un truc assez dingue de cette expo: les "murs à odeur"...je pensais que c'était une blague, genre caméra cachée, et non: les murs, si on les frotte un peu, dégagent une odeur différente en fonction de la partie de l'expo où vous êtes situés: moi j'ai eu le droit à une véritable odeur de transpiration (miam), ci-dessous, l'artiste au travail, avec de véritables particules prises sur de vrais corps (bon, je suis nulle en bio, aucune idée de comment ça marche, mais Sissel Tolaas a l'air très rigolote en tout cas):


Photo Image.net
Bonne journée!

Tuesday 18 November 2008

Les Diablogues

Dernier post "parigot" avant de filer prendre mon Eurostar!


Jacques Gamblin, François Morel © Philippe Delacroix

Dubillard évoquait pour moi de vagues souvenirs de khâgneuse: théâtre de l'absurde, un Folio jauni acheté d'occas et... c'est à peu près tout. Ça, c'était avant d'aller voir la pièce montée par Anne Bourgeois au théatre du rond point. Alors oui, c'est sur, le théâtre en général et de l'absurde en particulier, c'est quand même mieux sur scène que sur un Folio jauni! Et ça devient tout simplement hilarant quand un tel texte est porté par deux acteurs à l'air un peu ahuri: ils se délectent de ces mots et de ces situations, et leur jeu devient jubilatoire.

Bon, j'avoue, je n'ai pas HURLE de rire comme mes voisins et le reste de la salle d'ailleurs (mais ça c'est mon coté Sarah Bernhardt). En revanche, j'ai eu un sourire accroché aux lèvres pendant une heure et demie: Dubillard c'est drôle, parfois touchant, et toujours poétique. Parole de tragédienne.
Détails Pratiques
Les Diablogues, au Théatre du Rond-Point
Du 15 Octobre au 7 décembre, à 18:30
Si vous souhaitez réserver en ligne, c'est par ici
Les diablogues seront ensuite en tournée un peu partout en France

Monday 17 November 2008

Douce Stella

Chère Célestine,
J’ai vu un film ce week-end que je te recommande chaudement. J’ai un peu hésité : trois amies qui m’accompagnaient sont restées perplexes mais moi il m’a laissé sur un doux nuage, le générique aux lèvres et la vue embuée. Alors j’assume mes goûts pires que ceux du petit bonhomme Télérama (j’ai même pas vu les Chtis, ca me barbe) :

[Photo stella_] - cliquez pour l'avoir en haute résolution

Stella est une ado née dans les années 70. Ses parents tiennent un café-hôtel dans le XIIIème où ne vont que des habitués. Son papa, c’est Benjamin Biolay (un sacré acteur celui-là) son prince charmant c’est Guillaume Depardieu. Ils abusent du pastis, fument des sans filtres et tirent à la carabine (dans des boites de conserves). La maman « c’est le patron », elle trime, trinque, chante, gueule, rêve, pas très dispo quoi.

Par un « hasard de la liste alphabétique », Stella est admise dans un lycée très coté et très bourgeois. « C’est sa chance » lui a-t-on dit. Entre petits drames du quotidien et découverte de la vraie violence elle va grandir avec un sacré cran. Elle va aussi s’épanouir doucement : une amie, Balzac, Cocteau, une jolie prof d’histoire…Stella n’est pas une victime, d’ailleurs rien dans ce film n’est compatissant, juste très tendre. La réalisatrice s’est inspirée de sa propre histoire et on sent son émotion à en parler (la voix off c’est elle). Un film magnifique, très touchant, zéro pathos…qu’est ce que j’ai aimé!

(Mention spéciale pour la scène de la Boum, j’ai revécu la première fois où on m’a invité à danser le slow ! Sauf que je ressemblais un peu plus à un canard…).

Je t’embrasse Célestine et j’ai très hâte d’avoir ton avis.

Marie Pia

Sunday 16 November 2008

Du Mingei à Muji

Le Japon exerce une fascination sur moi depuis environ 10 ans: une amie des Langues O quand j'étais étudiante m'a fait approcher ce monde pour moi mystérieux, je me suis ensuite plongée dans les romans d'Inoue ou Murakami, pour maintenant lire chaque semaine les péripéties d'un ami vivant à Tokyo. Cette fascination s'est peu à peu transformée en cristallisation réelle: c'est à mes risques et périls, guettée par le syndrome de Stendhal que je risque de me rendre sur cette île.

Pour le moment, je m'en approche donc avec précaution, par "bulles" de raffinement, de beauté et d'attentions. C'est ainsi que j'ai assisté à une visite guidée de la très belle exposition: l'Esprit Mingei au Japon.

L'esprit Mingei c'est avant tout un homme, Soetsu Yanagi (1889-1961), qui fréquente les artistes occidentaux (Rodin notamment) avant de se tourner vers les objets quotidiens du Japon, mais aussi de la Corée ou de la Chine. Sa volonté est de révéler la beauté des objets quotidiens, d'où l'appellation Mingei de minshu, le peuple et kogei, l'artisanat.

« Il doit être modeste mais non de pacotille, bon marché mais non fragile... ce qui est naturel, sincère, sûr, simple, telles sont les caractéristiques du Mingei. » Soetsu Yanagi, L’Idée du Mingei, 1933

Grand verseur à bec © Nihon Mingeikan, Tokyo


A travers cette démarche, qui trouve ses origines dans l'"arts & crafts" anglais (dont Leach est la figure de proue), il oeuvre pour une ouverture quotidienne sur les autres cultures. Alors que la nationalisme japonais est à son apogée, il fait ainsi découvrir les travaux de tribus coréennes ou chinoises, travaillant à la reconnaissance de ces savoir-faire si particuliers.
Ce que j'ai trouvé fascinant, c'est de réaliser l'influence qu'a ce courant sur le design contemporain, dès ses origines. Bruno Taut et Charlotte Perriand qui séjournent chacun au Japon durant cette période auront un rôle essentiel dans la diffusion de l'esprit Mingei à travers notamment le travail du bambou (pour la chaise longue B306 notamment), ou la création d'objets simples, que Charlotte Perriand appelait sa "quincaillerie".

Le Corbusier, Charlotte Perriand, Pierre Jeanneret, Chaise longue, B 306
© F.L.C. / Adagp, Paris 2007

Charlotte Perriand, Tiroir de rangement, 1952
© Adagp, Paris 2007

C'est à mon avis typiquement le genre d'exposition à découvrir accompagné d'un guide: si la finesse d'une poterie beige aux reflets d'eau me touche (j'ai particulièrement aimé celle qui illustre la couverture du livre consacré à l'expo), en voir une dizaine à la suite finit par me rendre assez hermétique!

Pour aller plus loin: très beau livre, coédité par le musée du Quai Branly et Actes Sud, à 25 euros.

Infos pratiques

dates : du mardi 30 septembre 2008 au dimanche 11 janvier 2009

musée du quai Branly
37, quai Branly
75007Paris
Tél : 01 56 61 70 00
mardi, mercredi et dimanche : de 11h à 19h
Nocturne le jeudi, vendredi et samedi : jusqu’à 21h



Wednesday 12 November 2008

Tiens, voilà du boudin!

Parfois, petite, lorsque je sillonnais les routes de Bretagne l'été dans une CX déglinguée, ma mère devenait intenable lorsque nous approchions d'un panneau "Fest Noz" maladroitement fluoté sur une botte de foin. Il fallait s'arrêter, courir jusqu'à un chaudron énorme et acheter deux ou trois barquettes d'un mélange marron, fricassée de boyaux peu ragoutante à mes yeux mais que nous apportions religieusement à la maison.

Mais back to Paris: un vernissage dans le marais? Bien sûr, je suis partante-sans même jeter un coup d'oeil sur le carton- Mais en arrivant dans cet atelier en fond de cour, je saisis quelques bribes de conversation: "ah j'ai une recette de pied de veau en croûte diviiine"; les petits fours avaient été remplacés par d'élégantes bouchées de panses, de boudin, ou de pâté de campagne. Souvenirs souvenirs...

J'étais certainement la seule à ignorer que le mois de Novembre, c'est le mois de la tripe! Excellente raison pour filer voir la délicieuse expo trip'de table. Une quinzaine d'illustrateurs ont été invités à travailler autour des tripes, ce qui donne des interprétations assez drôles et très différentes:

21-09-08-043

un manteau haute couture...que j'ai beaucoup apprécie (mais je n'ai malheureusement plus le nom de l'artiste..)

21-09-08-028

"Le goût d'Armande pour le pied de porc surprît souvent ses amants les plus jeunes" - Doris Hémar

Des portraits décalés de fins gourmets par Doris Hémar

21-09-08-0071

Ou encore les jolis dessins colorés d'Iris de Mouy

J'ai finalement beaucoup aimé cet exercice de style, ça permet d'approcher peut-être plus formellement le travail de chaque artiste. Merci Mehdi pour l'invitation! et merci la Confédération Nationale des Produits Tripiers!

A découvrir donc autour de la tripe: Dominique Donois, Doris Hémar, Emmanuelle Houdart, Martin Jarrie, Anna Karlson, Aurore de La Morinerie, Jean Lecointre, Tinou Le Joly Sénoville, Nathalie Lété, Iris de Mouy, Gianpaolo Pagni, Petica, Jacques Tardi, Hervé Tullet et Nicolas Vial

Dépêchez-vous, c'est jusqu'au 16 Novembre à l'Espace 13 Sévigné - 13, rue de Sévigné dans le 3e.

Enfin, pour ceux qui seront allés jusqu'au bout de ce post, j'imagine que vous êtes FANS de tripes, donc voici le site de la Fédération des Produits Tripiers (très glamour d'ailleurs)

www.produitstripiers.com

Bon App!