Sunday 16 November 2008

Du Mingei à Muji

Le Japon exerce une fascination sur moi depuis environ 10 ans: une amie des Langues O quand j'étais étudiante m'a fait approcher ce monde pour moi mystérieux, je me suis ensuite plongée dans les romans d'Inoue ou Murakami, pour maintenant lire chaque semaine les péripéties d'un ami vivant à Tokyo. Cette fascination s'est peu à peu transformée en cristallisation réelle: c'est à mes risques et périls, guettée par le syndrome de Stendhal que je risque de me rendre sur cette île.

Pour le moment, je m'en approche donc avec précaution, par "bulles" de raffinement, de beauté et d'attentions. C'est ainsi que j'ai assisté à une visite guidée de la très belle exposition: l'Esprit Mingei au Japon.

L'esprit Mingei c'est avant tout un homme, Soetsu Yanagi (1889-1961), qui fréquente les artistes occidentaux (Rodin notamment) avant de se tourner vers les objets quotidiens du Japon, mais aussi de la Corée ou de la Chine. Sa volonté est de révéler la beauté des objets quotidiens, d'où l'appellation Mingei de minshu, le peuple et kogei, l'artisanat.

« Il doit être modeste mais non de pacotille, bon marché mais non fragile... ce qui est naturel, sincère, sûr, simple, telles sont les caractéristiques du Mingei. » Soetsu Yanagi, L’Idée du Mingei, 1933

Grand verseur à bec © Nihon Mingeikan, Tokyo


A travers cette démarche, qui trouve ses origines dans l'"arts & crafts" anglais (dont Leach est la figure de proue), il oeuvre pour une ouverture quotidienne sur les autres cultures. Alors que la nationalisme japonais est à son apogée, il fait ainsi découvrir les travaux de tribus coréennes ou chinoises, travaillant à la reconnaissance de ces savoir-faire si particuliers.
Ce que j'ai trouvé fascinant, c'est de réaliser l'influence qu'a ce courant sur le design contemporain, dès ses origines. Bruno Taut et Charlotte Perriand qui séjournent chacun au Japon durant cette période auront un rôle essentiel dans la diffusion de l'esprit Mingei à travers notamment le travail du bambou (pour la chaise longue B306 notamment), ou la création d'objets simples, que Charlotte Perriand appelait sa "quincaillerie".

Le Corbusier, Charlotte Perriand, Pierre Jeanneret, Chaise longue, B 306
© F.L.C. / Adagp, Paris 2007

Charlotte Perriand, Tiroir de rangement, 1952
© Adagp, Paris 2007

C'est à mon avis typiquement le genre d'exposition à découvrir accompagné d'un guide: si la finesse d'une poterie beige aux reflets d'eau me touche (j'ai particulièrement aimé celle qui illustre la couverture du livre consacré à l'expo), en voir une dizaine à la suite finit par me rendre assez hermétique!

Pour aller plus loin: très beau livre, coédité par le musée du Quai Branly et Actes Sud, à 25 euros.

Infos pratiques

dates : du mardi 30 septembre 2008 au dimanche 11 janvier 2009

musée du quai Branly
37, quai Branly
75007Paris
Tél : 01 56 61 70 00
mardi, mercredi et dimanche : de 11h à 19h
Nocturne le jeudi, vendredi et samedi : jusqu’à 21h



2 comments:

Unknown said...

Quand est-ce qu'on s'envole pour le Japon??

Marie Pia said...

moi aussi je rêve du Japon, j'ai pris deux places pour l'esprit Mingei, et j'ai même bu un thé vert ce matin! Bravo Céleste, j'ai très hâte de lire tes prochains articles