Saturday 31 January 2009

Destinations...

Des choix que l'on pourrait considérer comme importants ont, chez moi, souvent tenu à peu de choses et sont toujours pris de façon quasi-immédiate et irrationnelle: Aurélien, en quelques pages, m'a convaincue d'aller étudier à Paris, c'est en regardant Ali McGraw et Ryan O'neal se rouler dans la Neige en duffle-coat que j'ai décidé d'aller vivre un an au Canada.(je vous laisse imaginer ma déception sur ce coup là...) et pire, je l'avoue: je crois que Working Girl, Melanie Griffith et ses permanentes sont pour quelque chose dans mon choix d'un premier job à la City (on s'étonne que la finance aille mal..).
Alors quelques minutes après mon arrivée à Casablanca, sur la route de l'aéroport chaude et lumineuse, j'ai senti que ces ânes qui broutent au bord de la route, les cactus qui la bordent, les enfants qui courent derrière les camions et ce soleil bleu allaient davantage peser que le job, ou tout le reste... et puis , je vous l'avoue, Humphrey Bogart et Ingrid Bergman se balladent encore dans la vieille médina, j'en suis convaincue ...

Monday 26 January 2009

A vos Télérama!!


"Mais vous avez un peintre dans votre famille? Vous avez pris des leçons? Quelqu'un vous a bien appris à peindre?" "Non monsieur"

En 1912, le collectionneur allemand Wilhem Uhde s'installe à Senlis. A cette époque il découvre Picasso,le Douanier-Rousseau...et Séraphine, bonne à tout faire qui parle aux arbres, loue la vierge et peint. J'ai été frappée par la sensualité qui se dégage du jeu de Yolande Moreau, tout y est couleur, chair, et vent. Séraphine, c'est la nécessité de l'art, comme dialogue avec les cieux et les fleurs...Courrez-y, en louant le ciel, le vent dans les arbres, l'herbe sous vos pieds et ces couleurs qui grouillent! (oui, j'en suis ressortie un peu zinzin)

- Séraphine, Les Grappes de raisin, vers 1930, collection Dina Vierny (c) ADAGP Paris 2008 -          -
Séraphine, les grappes de raisin, vers 1930, collection Dina Vierny (c) ADAGP, Paris 2008 ©

Le Festival Télérama a lieu jusqu'à mercredi!
3 euros la place sur présentation du bon Télérama
A ne pas manquer: Valse avec Bachir
A bord du Darjeeling Limited...et Séraphine!

Pour les parisiens
Lucky you, l'expo Séraphine au Musée Maillol est prolongée jusqu'au 30 Mars!

Wednesday 21 January 2009

Ailleurs Commence Ici

Entrez dans une grande salle noire, oubliez la Fondation Cartier, le boulevard pluvieux, ces parisiens agités. Installez-vous dans un cocon, face à ces deux écrans gigantesques, et écoutez. Ecoutez ces messages adressés aux "hommes blancs". Ecoutez ces nomades confinés aux seules terres qu'on leur a laissées. Voyez ces langues qui disparaissent, ces peuples qui s'envolent, ces terres qui ne sont plus. Vous vous sentirez toute petite, coupable de l'espoir que cette caméra a suscité en Bolivie, au Brésil, en Ethipie et ailleurs...coupable de ces messages, que dans une espérance folle, dans leur langue qui n'est plus comprise que par quelques uns, ces hommes vous ont envoyés.

Y aller
Terre Natale
Jusqu'au 15 Mars 2009 à la Fondation Cartier
Je vous recommande les Soirées Nomades, qui commencent le 29 Janvier à 21h avec le premier documentaire sur les esquimaux.

Thursday 15 January 2009

Un barrage contre le Pacifique


"Les barrages de la mère dans la plaine, c'était le grand malheur et la grande rigolade à la fois, ça dépendait des jours. C'était la grande rigolade du grand malheur. C'était terrible et c'était marrant. Ça dépendait de quel côté on se plaçait, du côté de la mer qui les avait fichus en l'air, ces barrages, d'un seul coup d'un seul, du côté des crabes qui en avaient fait des passoires, ou au contraire, du côté de ceux qui avaient mis six mois à les construire dans l'oubli total des méfaits pourtant certains de la mer et des crabes. Ce qui était étonnant c'était qu'ils avaient été deux cents à oublier ça en se mettant au travail. " Un barrage contre le Pacifique, Marguerite Duras

Indochine, 1931. Un cabanon entouré de rizières. Dans une atmosphère suffocante, une mère de deux enfants lutte contre la mer de Siam qui envahit ses rizières dans lesquelles elle a placé ses derniers sous. Entre dépressions et folie douce, elle entame son grand projet: construire un barrage contre le Pacifique.


C'est en lisant Les cahiers de la guerre, ensemble de carnets rédigés par Duras entre 1943 et 1949, longtemps conservés dans les "armoires bleues" de la maison de l'auteur sans être publiés, que j'ai découvert Un barrage contre le Pacifique, ou du moins son ébauche. Cette lecture m'avait fascinée au même titre que le journal de Gide: les personnages prennent forme au fil des pages, le récit autobiographique se laisse imprégner peu à peu de fiction, le lecteur assiste à la création de l'oeuvre. J'avais toutefois été très frustrée de ne pas poursuivre le récit du barrage, qui s'arrête sans prévenir dans ces carnets. J'étais donc très curieuse de découvrir l'univers crée par Rithy Panh autour de l'enfance de Marguerite Duras en Indochine coloniale.

Alors OK, on effleure souvent le cliché, on retrouve peu la finesse, l'ironie et la violence dont est emprunt le récit de Duras. OK, il faut passer au-delà du jeune amant chinois qui se mordille les lèvres en caressant du bout des doigts la porte de la salle de bains dans laquelle se déshabille sa jeune maîtresse. Dépasser cela pour se laisser emporter par la folie à fleur de peau d'Isabelle Huppert,dans le vert insolent des rizières, dans la nuit envoûtante et habitée de l'Indochine...
...Se plonger dans les délices d'un Gaspard Uriel bronzé et bourru...miam!
...ou ressentir ces tremblements de nos 15 ans: première boum, premiers émois, première veste en Jean, 3 nuits par semaine, aahhh l'Indochine..

Tuesday 13 January 2009

Savoirs contre la pauvreté

1,4 milliards de personnes vivent avec moins de 1 dollar par jour
27 millions d'enfants de reçoivent pas les vaccins élémentaires
536000 femmes meurent en couche chaque année
6,5 millions d'enfants meurent avant un an


"Cela fait un demi-siècle qu'on dépense de l'argent dans les pays en développement, sans jamais vraiment se donner les moyens de vérifier si ça marche ou pas, comment et pourquoi" Esther Duflo

Jeudi dernier était inaugurée par Esther Duflo la chaire Savoirs contre pauvreté au Collège de France. Cette jeune femme de 36 ans, normalienne, professeur d'économie au MIT a eu l'idée de créer en 2003 un laboratoire afin de mesurer de façon scientifique l'impact des actions prises pour lutter contre la pauvreté à grande échelle. Elle propose de sortir des débats d'idées, trop souvent caricaturaux pour passer à l'action de façon méthodique et quantifiable, ce qui est encore très loin du mode de fonctionnement de beaucoup d'ONG. Son engagement est remarquable, je suis FAN.

Par ailleurs, le parcours de ce plus jeune professeur au collège de France est impressionnant, son secret? Tadadada: selon une amie: "Elle ne glande jamais", et à sa mère d'ajouter: "Esther ne perd jamais une minute. Même quand elle prend son bain, on a l'impression qu'elle écrit un article dans sa tête." Bon ma leçon inaugurale au Collège de France, c'est pas pour demain...

En tout cas c'est un sujet qui me passionne, dans lequel je m'engage et dont naturellement, je souhaitais vous parler depuis un petit moment (depuis en fait l'inauguration en décembre dernier de la chaire Social Business d'HEC, en présence de Martin Hirsch, Franck Riboud et le génial Muhammad Yunus, prix nobel de la paix, dont je vous recommande le bouquin).

Pour aller plus loin..

Excellent portrait d'Esther Duflo paru la semaine dernière dans le Monde

Leçon inaugurale, sur le site du Collège de France, c'est par ici, et c'est passionnant!

Wednesday 7 January 2009

Il est né le divin enfant!



Photos découvertes quelques heures avant Noël, et que je pensais pouvoir vous poster avant le...11 Janvier! Désolée!! En tout cas il est toujours temps de courir à La Samaritaine découvrir les photos Thierry Bouët qui sont saisissantes. Invité au service du Professeur Frydman (le "père" du premier bébé-éprouvette français), il y a photographié les bébés tout juste nés.

Vous serez en face-à-face avec de nouveaux nés photographiés durant la première heure de leur vie(Ci dessus, deux garçons agés de 45 et 55 minutes): ces images sont stupéfiantes de beauté, mais aussi assez dérangeantes. Je ne sais pas si c'est le côté intrusif de cette démarche ou le fait que certains nouveaux-nés ont déjà l'air d'avoir un sacré caractère qui m'a le plus perturbée...

C'est en tout cas une façon originale de fêter le renaissance prochaine de la Samaritaine, et surtout l'occasion de découvrir le travail de Thierry Bouët, dont j'apprécie particulièrement la série "Au lit": pendant deux ans, il y a photographié 80 personnes dans leur alcôve, cage, nid...qui révèlent beaucoup de la personnalité de celui qui s'y couche!












La Samaritaine

50 Nouveaux-nés
Quai du Louvre, 75001 Paris
Exposition gratuite, jusqu'au 20 Janvier

Monday 1 December 2008

Annie Leibovitz: détour

C'est en allant à l'expo Leibovitz à la National Portrait Gallery de Londres que je suis restée scotchée devant cette photo, qui a gagné un des prix Taylor Wessing 2008.


Pour la petite histoire, l'artiste Hendrik Kerstens photographie ici sa fille, Paula, qui est son modèle quasi unique. Que ce soit l'austérité des poses, le classicisme du décor,ou encore le rôle de la lumière tout contribue à évoquer les maîtres de la peinture hollandaise du 17ème, et Vermeer en particulier... avec toutefois un ton décalé qui me plaît beaucoup!

Détails pratiques
The National Portrait Gallery
Taylor Wessing Photographic Portrait Prize
du 6 novembre 2008 au 15 Février 2009
Entrée gratuite

Pour en savoir plus sur Hendrik Kerstens, c'est par ici